Droits de la Ligue 1 : après l’échec de Téléfoot, Canal+ veut passer par un appel d’offre
Le patron de la chaîne cryptée, Maxime Saada, estime que la Ligue 1 a perdu de sa valeur et ne souhaite pas trouver un accord direct avec la Ligue de Football Professionnel (LFP).
Canal+, attendu pour reprendre là où Mediapro a échoué, désire passer par un appel d’offre. Maxime Saada explique la position de la filiale de Vivendi dans une interview pour le Figaro.
L’avenir de la diffusion de la Ligue 1 reste encore assez flou. Alors que Téléfoot a accepté son échec et diffuse malgré tout les matchs jusqu’à ce que les droits soient repris, Canal+ quant à lui refuse l’idée d’un accord de gré à gré. Trois raisons pour lesquelles ce type d’offre est "impossible" sont évoquées par Maxime Saada. " Il y a incontestablement une perte de confiance entre Canal+ et les responsables du football français. Nous n’avons pas été traités correctement ces dernières années. Nous n’oublions ni le report des matchs par la LFP sans concertation lors du mouvement des « gilets jaunes », ni l’argent supplémentaire demandé pour décaler le coup d’envoi du match du dimanche soir de quinze minutes, et encore moins les réjouissances de nombreux présidents lorsque Canal+ est rentré bredouille de l’appel d’offres de 2018 " explique le patron de Canal.
Mais outre cette rancune, le groupe considère aussi la question d’un point de vue juridique : " Tout accord de gré à gré pour la reprise des lots de Mediapro serait juridiquement contestable, car il serait contraire au code du sport. Celui-ci spécifie qu’il ne peut y avoir de gré à gré qu’en cas d’appel d’offres infructueux ". Ainsi, la chaîne cryptée demande à la LFP de mettre en place rapidement un appel d’offre, en restituant notamment le lot 3 détenu par Bein Sports.
Une perte de valeur de la Ligue 1 pour Canal
Autre raison de ce choix, l’aspect économique. Pour Canal+, Mediapro a montré que la Ligue 1 ne valait pas 1.15 milliards d’euros, mais il reste encore à en définir la valeur, sans qu’aucun consensus ne puisse être établi. Si certains président de club estiment qu’une reprise des droits ne peut pas baisser en dessous de 800 millions d’euros, Maxime Saada juge que la Ligue 1 est déjà largement subventionnée et de plus, que le produit a été dégradé.
" Le classico PSG-OM, qui rassemblait auparavant plus de 2 millions de téléspectateurs sur Canal+, avec des pics à plus de 3 millions, n’en a rassemblé que 400 000 sur Téléfoot. Le même soir, Canal+ a fait mieux avec un match du Top 14 de Rugby. Par ailleurs, l’arrivée de Mediapro a contribué à l’explosion du piratage" explique-t-il. Mais pour Canal+ la Ligue 1 a également perdu de son intérêt, la chaîne s’est adaptée explique son président. " Nous avons modifié notre grille pour valoriser la diversité de notre offre sportive en particulier avec le Top 14 et le lancement du MotoGP. [...] Nous avons signé un accord de distribution exclusive avec beIN Sports et Disney+, et nous avons récupéré la Ligue des champions à partir de 2021. Tout ceci a conduit à un taux de satisfaction record de nos abonnés, témoin de la perte d’importance de la Ligue 1 pour Canal+. "
Mais l’attrait général de la Ligue 1 est également remis en cause. Si les grosses affiches comme le PSG-OM attirent les abonnés Canal+, ce n’est pas le cas pour tous les matchs. " Bien sûr, on ne peut pas avoir que des classicos à l’antenne. Ce ne serait même pas souhaitable." reconnaît Maxime Saada, "Mais le football français peut-il encore supporter un système à plus de 40 clubs professionnels, dont 20 en Ligue 1 ? Les championnats ne génèrent manifestement pas suffisamment de recettes pour faire vivre ces clubs. Il est souhaitable que les clubs se posent la question de l’attractivité de leur produit et acceptent de se réformer. La crise traversée par le football français crée l’opportunité de se poser les bonnes questions."
Une solution à la carte en préparation
Enfin, Maxime Saada conclut que la situation actuelle doit cesser pour les français. Mediapro continue de diffuser 80% des matchs du football français, malgré son fiasco et ses répercussions, ce qui n’est pas acceptable pour Canal. " Nous allons proposer à la LFP une solution technique qui permettra à tous les Français, abonnés ou non à Canal+, de suivre les matchs en paiement à l’acte." Les recettes engendrées seraient reversées majoritairement à la LFP et aux clubs.
Une idée qui trotte dans la tête de Canal depuis des années, puisque la filiale de Vivendi envisageait déjà cette option en 2018. Le principe est assez simple : payez pour regarder un match de football spécifique, ou tout autre évènement sportif précis, sans avoir à souscrire à un abonnement Canal+, plus onéreux. Il s’agit avant tout d’une option “pour les fans qui veulent regarder du sport et rien d’autre” indique un manageur produit de Canal à SportsPro Influencers. Aucune information complémentaire cependant sur les tarifs appliqués ni sur les sports concernés par ce nouveau moyen de diffusion.
0rsa
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On nous disait que les salaires mirobolants des joueurs étaient justifiés grâce à ce qu'ils rapportaient.
Il semblerait que non finalement ?
Un coup dans la fourmilière, ça ne fait pas de mal.