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Analyse - Apple vs. FBI : suite et fin ?

 
Par Antoine Chéron, avocat spécialisé en propriété intellectuelle et NTIC. Il est docteur en droit de la propriété intellectuelle, avocat au barreau de PARIS et au barreau de BRUXELLES et chargé d’enseignement en Master de droit à l’Université de Assas (Paris II).
 
Suites du jugement rendu mardi 16 février par la Cour fédérale du Riverside en Californie, dans lequel cette dernière exigeait de la multinationale « une assistance technique raisonnable » au FBI afin de lui permettre d’accéder au contenu crypté de l’iPhone d’un des auteurs présumés de la fusillade de San Bernadino.
 
Il semblerait que le gouvernement qui parallèlement à ce jugement poursuivait ses efforts pour accéder au contenu de l’iPhone soit arrivé à ses fins. Le FBI contacté par un tiers serait sur le point de parvenir à accéder (si ce n’est déjà le cas) aux données de l’iPhone. S’en est suivie la levée d’une audience qui devait se tenir ce mardi. Le test de la viabilité de méthode fera l’objet d’un rapport d’évaluation et sera prochainement communiqué au juge en charge de l’affaire, Sheri Pym.
 
Il y serait parvenu sans l’aide d’Apple. Dans une telle hypothèse, la personne à l’origine de cette méthode pourrait néanmoins s’exposer à des poursuites judiciaires. Selon Robert Enderle, expert en technologies, il pourrait s’agir de John McAfee (créateur de l’anti-virus éponyme), ou d’un ancien employé d’Apple. En France, cette personne aurait pu être poursuivie sur le fondement des articles L 323-1 et suivants du Code pénal qui incriminent l’accès ou le maintien frauduleux dans un système automatisé de traitement des données. S’il s’agit d’un ancien employé d’Apple, il pourrait se voir opposer la clause de confidentialité présente dans son ancien contrat de travail.
 
En réalité, il serait surprenant qu’Apple ne soit pas intervenu. La version des faits telle qu’avancée par le gouvernement américain constituerait un juste milieu et permettrait à Apple de collaborer avec le FBI tout en maintenant son image de garant des libertés fondamentales auprès des consommateurs. En effet, depuis le jugement du 16 février dernier, la multinationale était dans une position ambigüe puisque si fournir au FBI un moyen pour accéder au contenu de l’iPhone permet de démontrer qu’Apple participe à lutter contre le terrorisme, a contrario cela engendrerait une menace de sécurité pour ses clients.
 
Depuis l’affaire Snowden qui avait révélé une collecte massive des données par la NSA dépassant le cadre sécuritaire, les sociétés américaines surfant sur cette vague d’indignation ont fait de la sécurité des données un véritable argument marketing. Si l’inviolabilité des téléphones rassure les consommateurs, les autorités regrettent qu’elle puisse aider la criminalité. Cette affaire ravive ainsi le débat sur la nécessité d’accéder aux contenus en vue de lutter contre le terrorisme d’une part et de renforcer la sécurité des données, d’autre part. D’un point de vue informatique, le premier suppose l’introduction d’une faille de sécurité dans le programme au moyen notamment des backdoors (ou « portes dérobées »), tandis que le second vise à rendre le logiciel infaillible à toute intrusion tierce.
 
Dans l’un comme dans l’autre cas, l’impact en termes d’image est négatif pour Apple. Il semble qu’elle s’en soit néanmoins sortis. Ainsi, lundi dernier alors que le FBI affirmait détenir une méthode viable pour accéder aux données de l’iPhone, Tim Cook déclarait que « nous devons décider en tant que nation quel pouvoir devrait avoir le gouvernement sur nos données et notre vie privée ».
 
En France, le projet renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement qui sera prochainement en discussion devant le Sénat, complète l’article L 230-1 du Code pénal qui permet aux autorités judiciaires de désigner toute personne morale ou physique en vue d’accéder à des données chiffrées. Ce faisant, il disposera désormais en son dernier alinéa que « le fait, pour un organisme privé, de refuser de communiquer à l’autorité judiciaire requérante enquêtant sur des crimes ou délits terroristes (…) des données protégées par un moyen de cryptologie dont il est le constructeur, est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 350 000 euros d’amende », l’amende étant portée au quintuple concernant les personnes morales.
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COMMENTAIRES DES LECTEURS (8)
Posté le 22 mars 2016 à 18h34 Citer le commentaireSignaler le commentaireRemonter en haut de pageDescendre en bas de pagePartager ce commentaire sur Twitter Voter plus un Voter moins un

Tiens un bug dans le copié-collé ? 2 fois la même chose, est-ce pour être sur qu'on a bien comprit !

Ach!lle

Posté le 22 mars 2016 à 18h39 Citer le commentaireSignaler le commentaireRemonter en haut de pageDescendre en bas de pagePartager ce commentaire sur Twitter Voter plus un Voter moins un
Ach!lle a écrit
Tiens un bug dans le copié-collé ? 2 fois la même chose, est-ce pour être sur qu'on a bien comprit ! Ach!lle

+1 !

en plus c'est un roman de science fiction... pourrait... si... pourrait... si.

Le droit est factuel...

Posté le 22 mars 2016 à 20h10 Citer le commentaireSignaler le commentaireRemonter en haut de pageDescendre en bas de pagePartager ce commentaire sur Twitter Voter plus un Voter moins un

Faire obstacle au FBI dans une enquête concernant la sécurité de l'état, c'est toujours risqué surtout pour une entreprise ou alors si elle est devenue si puissante qu'elle peut se permettre de braver les forces de l'ordre ça n'est pas forcement bon pour la démocratie et les citoyens.Incertain

Posté le 23 mars 2016 à 09h19 Citer le commentaireSignaler le commentaireRemonter en haut de pageDescendre en bas de pagePartager ce commentaire sur Twitter

Extrait de la news de Clubic à ce sujet

"De son côté, la firme de Cupertino entend obtenir davantage d'informations concernant la vulnérabilité exploitée par cet outil. "

Ca valide le fait que le tiers exploiterait une faille de sécurité. Si cette faille est rendue publique ce qui est la coutume au bout d'un délai pendant lequel seule la compagnie est informée de la méthode utlisée afin qu'elle puisse avoir le temps de la combler, tous les hackers du monde entier pourront déchiffrer n'importe quel iPhone, c'est irresponsable.

Donc en effet l'action de ce supposé tiers est des plus étrange car on peut supposer qu'Apple sera informé à un moment donné et comblera la faille. Comme le souligne l'avocat si ce tiers n'informe pas Apple il s'expose à des poursuites.

L'attitude du FBI est donc étrange car l'intervention de ce tiers ne résoudrait la question que temporairement, juste pour l'affaire de la dernière tuerie. Or le FBI est en réalité en litige depuis 2014 face à Apple à ce sujet, donc il n'y a pas au départ de lien directe avec cette tuerie, le FBI cherchait à négocier une solution définitive avec Apple pour qu'il puisse au minimum appliquer un cassage par force brute qui semblerait aujourd'hui impossible due à la présence de la tecthnologie auto-erase qui efface automatiquement les données après x tentatives.
 

D'ailleurs c'est sous entendu dans la news puisque l'on indque que le FBI va évaluer cette méthode et vérifier qu'lle n'efface pas le téléphone

Même non rendue publique l'annonce de l'existence même de cette faille va mettre en travail une ribambelle de hackers pour découvrir

Y aurait-il un lien avec cette news officielle de la découverte d'une faille de sécurité dans iMessage qui permetterait d'intercepter la clé de chiffrement ? Personnellement j'en suis plus que persuadé.

http://www.clubic.com/pro/technologie-et-politique/actualite-800308-chercheurs-trouvent-faille-chiffrement-apple.html


L'hypothèse évoquée par l'avocat est crédible, soit celle d'une pseudo manipulation avec un accord secret avec Apple qui permettrait de lui donner une porte de sortie honorable.
Offciellement Apple ne cède pas et refuse de placer ce qui serait un semblant de "porte dérobée" ce qui maintient la réputation de la compagnie et préserve le commerce extérieur des Etats-Unis. Secrètement le FBI déteint en effet une solution via cette faille de sécurité qui ne sera jamais rendue publique (on pourrrait même imaginer que al news serait elle-même fausse et participerait à une manipulation).

Seule Apple serait informée, la faille sera comblée et Apple obtempère en secret aux demande du FBI en neutralisant la technologie auto erase ce qui n'est pas placer une prote dérobée, c'est simplement permettre aux agences de sécurité d'utiliser la force brute pour déchiffrer les appareils, force brute qui n'est possible qu'avec des gros calculateurs qu'un hacker moyen sur la toile ne possèdera jamais, donc ça ne compromet pas la séurité de iOS dans 99% des cas.

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gdnico
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3502 points
Posté le 23 mars 2016 à 09h23 Citer le commentaireSignaler le commentaireRemonter en haut de pageDescendre en bas de pagePartager ce commentaire sur Twitter Voter plus un Voter moins un
Lennart a écrit
Faire obstacle au FBI dans une enquête concernant la sécurité de l'état, c'est toujours risqué surtout pour une entreprise ou alors si elle est devenue si puissante qu'elle peut se permettre de braver les forces de l'ordre ça n'est pas forcement bon pour la démocratie et les citoyens.

Vu les milliard qu'ils ont en stoque, ils sont devenus puissant!

Posté le 23 mars 2016 à 11h56 Citer le commentaireSignaler le commentaireRemonter en haut de pageDescendre en bas de pagePartager ce commentaire sur Twitter Voter plus un Voter moins un
gdnico a écrit
Lennart a écrit Faire obstacle au FBI dans une enquête concernant la sécurité de l'état, c'est toujours risqué surtout pour une entreprise ou alors si elle est devenue si puissante qu'elle peut se permettre de braver les forces de l'ordre ça n'est pas forcement bon pour la démocratie et les citoyens. Vu les milliard qu'ils ont en stoque, ils sont devenus puissant!

Surtout qu'une bonne partie de ces milliards se trouve dans des paradis fiscaux et dont on ne sait quelle utilisation il en est faite. !

Posté le 23 mars 2016 à 15h59 Citer le commentaireSignaler le commentaireRemonter en haut de pageDescendre en bas de pagePartager ce commentaire sur Twitter Voter plus un Voter moins un
gdnico a écrit
Lennart a écrit Faire obstacle au FBI dans une enquête concernant la sécurité de l'état, c'est toujours risqué surtout pour une entreprise ou alors si elle est devenue si puissante qu'elle peut se permettre de braver les forces de l'ordre ça n'est pas forcement bon pour la démocratie et les citoyens. Vu les milliard qu'ils ont en stoque, ils sont devenus puissant!

Avoir beaucoup d'argent ne te donne pas pour autant la faculté de voter les lois. Apple n'est pas la première compagnie à être puissante dans l'histoire de l'Amérique. Dès lors qu'il y a eu une volonté politique au sommet de l'Etat, des géants ont été brisés.

On se souvient d'ATT qui était l'hértier des fameux laboratoires Bell, un monstre. Pour des raison de concurrence l'entreprise a été morcelée de force entre différentes compagnies concurrentes que l'on a appelée par la suite sous le sobriquet de "baby bells"

Microsoft avant qu'Apple n'émerge fut très puissant mais cela n'a pas empêché la Commission européenne de la concurrence de lui imposer des conditions pour faire cesser certaines pratiques sous la menace d'amendes record. Microsoft s'est toujours plué aux décisions de Bruxelles;

Google n'a pas eu le dernier mot en Chine

Posté le 24 mars 2016 à 02h40 Citer le commentaireSignaler le commentaireRemonter en haut de pageDescendre en bas de pagePartager ce commentaire sur Twitter Voter plus un Voter moins un
FreeRaleur a écrit
gdnico a écrit Lennart a écrit Faire obstacle au FBI dans une enquête concernant la sécurité de l'état, c'est toujours risqué surtout pour une entreprise ou alors si elle est devenue si puissante qu'elle peut se permettre de braver les forces de l'ordre ça n'est pas forcement bon pour la démocratie et les citoyens. Vu les milliard qu'ils ont en stoque, ils sont devenus puissant! Avoir beaucoup d'argent ne te donne pas pour autant la faculté de voter les lois. Apple n'est pas la première compagnie à être puissante dans l'histoire de l'Amérique. Dès lors qu'il y a eu une volonté politique au sommet de l'Etat, des géants ont été brisés. On se souvient d'ATT qui était l'hértier des fameux laboratoires Bell, un monstre. Pour des raison de concurrence l'entreprise a été morcelée de force entre différentes compagnies concurrentes que l'on a appelée par la suite sous le sobriquet de "baby bells" Microsoft avant qu'Apple n'émerge fut très puissant mais cela n'a pas empêché la Commission européenne de la concurrence de lui imposer des conditions pour faire cesser certaines pratiques sous la menace d'amendes record. Microsoft s'est toujours plué aux décisions de Bruxelles; Google n'a pas eu le dernier mot en Chine

Il est rare lors d'un jugement et d'une condamnation de voir un président opposer son véto présidentiel à la décision du tribunal.

Rien que ce fait est inquiétant dans un état de droit !

La roue tourne, les temps changent les mœurs économiques aussi ! Les états sont pour la plupart au bord de la faillite face à des monstres financiers étranglant de plus en plus ces états.

Bien sur il y a quelques jugements incontestables qui seront rendus laissant croire aux peuples que leur chère "démocratie" est toujours vaillante et respectée.

Mais c'est à souhaiter que ces monstres économiques puissent encore être démantelés sinon nos élections mascarades ne serviront à rien, d'ailleurs servent elles encore à quelque chose ? Rigolant

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