COVID-19 : le patron d’Orange explique comment il veut utiliser les données de géolocalisation dans le cadre de l’épidémie
Les opérateurs télécoms mettent la main à la pâte pour aider à ralentir la propagation du Coronavirus. Stéphane Richard a expliqué comment l’opérateur historique veut utiliser les données de géolocalisation dans le cadre de la crise actuelle.
SFR a annoncé être prêt à fournir les données aux pouvoirs publics, par exemple pour signaler des regroupements non-autorisés. Orange quant à lui veut se servir des données de géolocalisation anonymisées pour observer les mouvements de population à risque, notamment pour permettre de prévenir des surcharges hospitalières.
Une analyse des mouvements généraux, pas de traçage personnel
Dans une interview pour Europe1, Stéphane Richard est revenu sur l’utilisation des données de géolocalisation avec l’INSERN dans le cadre de cette épidémie, en donnant des exemples d’applications concrètes.
Premièrement, il répète que ces données collectées sont agrégées et anonymisées systématiquement. C’est un point sur lequel la patron d’Orange souhaite insister, notamment pour qu’on ne compare pas avec d’autres utilisations bien plus intrusives appliquées à Taïwan et en Israël qui eux utilisent des données pour faire appliquer le confinement strictement.
Or, dans le cadre de l’utilisation des données de géolocalisation réalisée en partenariat avec l’INSERN, ces données seront agrégées par "groupes de 50 000" puis anonymisées. Le but reste en fait d’analyser les mouvements massifs réalisés par la population, pour suivre la potentielle propagation du Coronavirus.
L’INSERN, pour modéliser la propagation de l’épidémie utilisait uniquement les données de transports aériens pour évaluer les déplacements, ce qui limitait l’efficacité des modèles réalisés. Or, avec les données de chaque utilisateurs qui ont un smartphone dans la poche, ces déplacements tant en train qu’en voiture par exemple peuvent être représentatifs des mouvements de la population durant cette épidémie. Stéphane Richard donne par exemple la situation à Paris, juste avant le confinement. Ces données ont ainsi permis de déterminer que plus d’un million de parisiens ont quitté le grand Paris le jour du confinement. De même à l’île de Ré,on note une augmentation de 30% de la population.
Ainsi, il ne sera pas possible de déterminer les déplacements d’une personne en particulier, mais simplement de voir les fortes augmentations de populations dans certaines zones. La CNIL autorise ainsi cette utilisation de données à un but de modélisation, avec un stockage maximal d’un an, durée après laquelle elles seront détruites.
D’après Stéphane Richard , cette utilisation pourra être utile pour surveiller quelles zones pourraient représenter des foyers épidémiques, et donc pourraient risquer une surcharge de leur milieu hospitalier. C’est notamment pour cet objectif que les données de géolocalisation sont collectées par l’INSERN : pour une surveillance et une modélisation de cette pandémie en France.
Concernant l’utilisation de données plus intrusives, si Stéphane Richard affirme que l’"on peut le faire, techniquement, on a les outils". Mais que cette solution n’est pas souhaitable en France. "La France n’est pas la Chine" conclut-il.
En Europe, plusieurs opérateurs dont Orange évidemment ont accepté de partager leurs métadonnées dans un effort collectif pour lutter contre la pandémie.
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